mardi, 06 avril 2010
Carnet de voyage au Bénin -13-
Dimanche 25 janvier : Ouidah, Ganvié et l'adieu
Ouidah est une ville qui compte aujourd'hui 25 000 habitants, des descendants des ethnies Fon, Xweda , mais aussi de nombreuses familles dites « brésiliennes » car ce sont d'anciens esclaves qui, après leur libération, ont décidé de revenir sur la terre de leurs ancêtres. Plus récemment, on compte aussi quelques Américains noirs.
Ouidah est en effet connue pour avoir été l'un des principaux lieux de la traite négrière en Afrique. Les premiers à effectuer le commerce des esclaves furent les Portugais. Ils avaient besoin de main d'œuvre pour remplacer les Indiens au Brésil. Vinrent ensuite les Hollandais, les Espagnols. Suivirent enfin les Anglais et les Français.
Il fallut aller les chercher de plus en plus loin à l'intérieur des terres jusqu'au Niger. Ces esclaves étaient ensuite enchaînés les uns aux autres et devaient faire le trajet jusqu'à Ouidah à pied. Cela pouvait prendre de nombreux jours. Arrivés à Ouidah, ils étaient alors regroupés sur la place Chacha, face à la maison fastueuse du négrier Felix de Souza.
C'est là que débute notre visite de « La route des esclaves », site classé par l'Unesco.
La place des enchères :
C'est donc sur cette place que les esclaves étaient échangés contre des armes, de l'alcool , diverses pacotilles ou bien encore vendus comme du vulgaire bétail. De là, ils sont alors conduits vers
L'arbre de l'oubli :
A cet endroit, un rituel avait lieu. Il s'agissait de faire tourner les esclaves autour de l'arbre pour qu'ils oublient toute identité. Supercherie afin d'éviter toute rebellion. Les femmes effectuaient sept tours, les hommes neuf (en rapport avec les croyances ancestrales qui disent que les femmes ont 7 paires de côtes et les hommes 9).
Après les esclaves sont dirigés vers Zoungbodji où se dresse une immense case, appelée case Zomaï (zomaï signifie où la lumière ne peut entrer). Cette case était en effet hermétiquement close et les esclaves y étaient entassés afin de perdre toute notion de temps et de lieu.
De nos jours, un monument a été érigé à l'endroit où se tenait la case. Il illustre les différentes régions d'où provenaient ces hommes et ces femmes (Dahomey, Niger, Nigéria).
La fosse commune :
Profonde d'une dizaine de mètres, elle recevait les corps des esclaves morts ou malades. En 1992 un Mémorial a été érigé sur l'emplacement de la fosse. La couleur marron symbolise les esclaves. Le noir rappelle les chaînes du cou et des pieds.
L'arbre du retour :
Avant de quitter définitivement le sol africain, les esclaves tournent trois fois autour de cet arbre. Ce rituel vise à assurer le retour de leurs âmes en Afrique.
Cet arbre fut planté en 1727 par le roi Agadja. Il est considéré comme sacré et demeure un lieu de danse pour les adeptes du Vodoun.
Après ce dernier rituel, les esclaves parcourent les 3,156 km qui les séparent de la plage.
Cette route est jalonnée de 21 statues, œuvres de sculpteurs contemporains, représentant les symboles des rois d'Abomey.
Nous arrivons peu après sur la plage.
La porte du Non retour
Ce monument fut inauguré le 30 novembre 1995 par le président du Bénin, Nicéphore Soglo en présence du secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros Ghali et d'autres personnalités.
« Franchir cette porte constitue la dernière étape de la Route de l'Esclave de Ouidah, la dernière marche vers l'ailleurs. Il s'agit parallèlement de l'étape de la désespérance et de la désolation. Arrivés au bord de la mer, les esclaves qui n'en peuvent plus mangent du sable ou s'égorgent avec leurs chaînes, préférant mourir sur la terre de leurs aïeux plutôt que de la quitter. Ceux qui demeurent en vie atteignent les vaisseaux en pirogue. Dans ces bateaux ils sont assis et alignés comme des sardines. Les uns résistent jusqu'à destination, les autres meurent au cours du trajet et sont jetés en mer. » Extrait du fascicule écrit par Mathieu Kiki, « La Route de L'Esclave de Ouidah »
À suivre...
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mercredi, 17 mars 2010
Carnet de voyage au Bénin-12-
Samedi 24 janvier : balade en pirogue et fête vaudou.
Nous voici donc installés à l'auberge de Grand Popo ! Cadre idyllique, je peux déballer mes affaires puisque je vais rester dans cet endroit jusqu'au jeudi suivant. Petite visite des lieux :
Vers 8h30, Sylvie et Patrick nous quittent pour rejoindre Lagos, au Nigéria. Ce qui me réjouit cependant, c'est d'être toujours en contact avec eux par blogs interposés !
Dans la matinée nous partons à pied jusqu'au village de pêcheurs tout proche. De là, nous prenons des pirogues pour voguer sur le fleuve Mono jusqu'à son embouchure.
Arrêt dans le village d'Avlo. Les habitants récupèrent le sel d'une manière très archaïque en filtrant puis en faisant chauffer l'eau jusqu'à saturation. Il ne reste plus alors qu'à décoller le sel des parois des récipients. Un travail long qui demande beaucoup de bois de chauffe.
Puis nous arrivons à l'embouchure. Nous dérangeons les habitants des lieux. Oups, je ne vous avais pas vus, excusez-moi !
Après cette balade très agréable, les pirogues nous laissent un peu plus loin, sur le rivage, pour un pique-nique sous les palmiers.
Le temps d'une petite sieste et nous reprenons le même chemin pour le retour. Juste avant d'arriver à Grand Popo, nous faisons une halte dans le village de Hévé pour assister à une fête vaudou. Le vodoun est une religion animiste toujours très pratiquée au Bénin et je me sens bien incapable de vous en expliquer les fondements et les pratiques.
Pour l'heure, nous arrivons sur la place du village encore déserte. Peu à peu, les participants arrivent : musiciens qui commencent à mettre l'animation. Dans le couvent proche, on s'affaire et bientôt apparaissent les ... esprits ? qui habitent ces sortes de toupies qui tournoient de plus en plus vite au fil des percussions, encadrées par de solides gaillards qui sont là pour les maitriser. L'ambiance monte d'un ton, la musique est de plus en plus forte, rapide, on est pris dans un tourbillon qui ne semble jamais vouloir finir. Puis on assiste à des tours de magie : l'homme qui avale du verre, l'autre qui allume un feu sans allumettes. Tout cela est dû sans doute au pouvoir des esprits présents. J'avoue bien volontiers ne rien y comprendre mais pas plus ni moins que lorsque- à de très rares occasions- j'ai pu assister à des cérémonies religieuses dans les églises où toutes les pratiques exercées sont du chinois pour moi. Je ne suis pas croyante, c'est sans doute la raison pour laquelle toutes ces manifestations pratiquées dans n'importe quelle religion me paraissent totalement incompréhensibles.
Ici au moins, l'ambiance est festive... Bientôt les femmes se mettent à danser, les « toupies » se déchaînent, on nous fait boire de l'alcool, ça m'achève complètement. Je finis par aller danser avec les autres. Ridicules les Yovo, aucun rythme, ils ont dû bien se marrer les Béninois !
Le soleil décline quand nous reprenons le chemin de l'auberge, mais la musique continue toujours et on l'entendra encore un bon moment ! Ah, la magie africaine...
À suivre.
Diaporamas :
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mercredi, 25 novembre 2009
Carnet de voyage au Bénin -11-
Vendredi 23 janvier : d’Abomey à Grand Popo.
Après une nuit agréable dans ce lieu si paisible, nous partons visiter les demeures royales des anciens rois d’Abomey. Au passage, nous nous arrêtons prendre la photo de la statue de Gbéhanzin qui trône fièrement à l’entrée de la ville.
Il a fière allure, ce fougueux guerrier qui tint tête à l’armée française au moment de la prise du territoire danxomé. La lutte entre les deux armées fut féroce. Gbéhanzin dut se résoudre cependant à déposer les armes. Il fut alors déporté à la Martinique, puis en Algérie où il mourut sans jamais revoir son pays.
Une manifestation avait lieu au moment de notre pause-photos : les enseignants du Bénin réclamaient d’être payés, ce qui apparemment, n’avait pas été fait depuis quelques mois !
Nous voici maintenant devant l’entrée des palais royaux, ou, plutôt devrais-je dire, devant l’entrée des deux seuls palais subsistants, le reste ayant été pillé, anéanti au cours des ans.
Durant près de 300 ans, douze rois se sont succèdés sur le trône du royaume d’Abomey. Chaque nouveau roi se devait de faire construire son palais. L’ensemble constituait donc une cité impériale s’étendant sur plus de 40 hectares. Hélas, aujourd’hui il ne reste plus que deux palais, celui du roi Ghézo (1818-1858) et celui du roi Glélé (1858-1889), le père de Gbéhanzin.
L’Unesco a donc inscrit ce site au Patrimoine mondial de l’Humanité depuis 1985. D’importants travaux ont été mis en œuvre pour restaurer les vestiges, en particulier de magnifiques enfilades de bas-reliefs représentant les différents emblèmes des rois.
Malheureusement, LES PHOTOS SONT INTERDITES et on peut regretter qu’aucun livre ne soit proposé à la sortie pour garder une trace écrite de cette intéressante visite. Seul, un petit catalogue retrace le travail effectué par l’Unesco
Un musée est ouvert à l’intérieur des différentes salles de ces palais où on peut admirer des objets ayant appartenu aux rois et à leurs conseillers. Un peu plus loin, je tombe en arrêt devant une superbe sculpture et là, le guide m’apprend que c’est une copie, l’originale étant à Paris, au musée du quai Branly ! DECIDEMENT, ON CONTINUE DE TOUT PILLER EN AFRIQUE ! Je trouve ça particulièrement choquant.
Parmi les différents objets, le trône du roi posé sur quatre crânes humains rappelle qu’on n’est pas chez des rigolos ! D’ailleurs rappelez-vous les Amazones, ces fières guerrières, qui –dit-on- se coupaient les seins pour mieux tirer à l’arc !
Quand un roi mourait, il était coutume que ses femmes (un des rois en eut 42), se fassent enterrer vivantes avec lui ! Ah, l’amour, quand tu nous tiens …Une visite TRES intéressante donc.
Nous quittons Abomey et filons bon train vers Grand Popo. Ah, Grand Popo, sa plage, ses cocotiers, sa mer… Le temps de poser mes affaires dans la chambre ...
Allez, je vous laisse, je vais piquer une tête dans l’eau.
À suivre…
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vendredi, 23 octobre 2009
Carnet de voyage au Bénin -10-
Jeudi 22 janvier : de Parakou à Abomey
Avant de reprendre la route en direction d’Abomey, certains d’entre nous souhaitent changer de l’argent. Aussi Joseph les accompagnent-ils dans une banque le temps que les autres attendent à l’hôtel.
8h30, 9h… 9h30 et toujours personne ! L’attente devient intolérable. Aussi le reste du groupe prend le second car et va rejoindre le groupe qui est à la banque.
Elle se situe juste à côté de la prison de Parakou. Et là, nous apprenons que nos malheureux compagnons de route sont « séquestrés » dans la banque. Le mot peut paraître un peu fort et pourtant c’est bien la réalité. Pas question pour eux de pouvoir ressortir de la banque puisqu’on leur a pris leur passeport. Ils sont donc obligés d’attendre le bon vouloir des employés… Ce n’est qu’à 11h qu’ils quittent la banque sous nos applaudissements fournis et le sourire du gardien de la prison, en stationnement devant l’entrée avec sa mitraillette !
La journée risque d’être un peu longue avec ce retard.
Arrêt dans une nouvelle école.
Nous atteignons Dassa et l’auberge des autruches à 14h pour le déjeuner.
L’après midi nous nous arrêtons pour photographier les sacs de tapioca au bord de la route. Chaque marchande étale sa production sous une pancarte aux noms parfois très évocateurs !
J’en profite pour acheter un sachet de bâtonnets de cacahuètes, frits et légèrement pimentés, une spécialité de la région. Nous atteignons Abomey vers 18h. Nous voici donc dans l’ancienne capitale de ce qui fut le royaume d’Abomey.
Petite histoire :
Le royaume d’Abomey prit naissance au XVIIème siècle. Le fondateur en fut Houégbadja (1645-1685).
13 monarques régnèrent sur le territoire. Le dernier roi fut Agoli-Agbo, le fils du roi Béhanzin. Son règne fut de courte durée (de 1894 à 1900), le Dahomey ayant eu à subir les attaques de l’armée coloniale française. Mais j’y reviendrai demain, lors de la visite des demeures royales.
L’auberge d’Abomey ne dispose que d’une seule chambre libre. Nous sommes donc logés dans une annexe toute proche et nous ne perdons rien au change.
Bienvenue chez Monique à La Lune !
Le jardin est transformé en une véritable exposition de sculptures africaines. On ne sait plus où donner de la tête tellement il y en a, de toutes formes, de toutes tailles. Les artistes travaillent sur place. Je pense à Thierry, s’il était là, il se régalerait. Aussi je photographie un maximum de sculptures.
Les chambres sont situées un peu plus loin, dans un beau jardin, lui aussi décoré de sculptures.
À suivre…
Deux diaporamas vont vous permettre de découvrir ce lieu insolite :
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mercredi, 07 octobre 2009
Carnet de voyage au Bénin -9-
Mercredi 21 janvier : retour à Parakou, suite et fin
Après le déjeuner, Joseph nous emmène visiter un village typique de la région de l’Atakora, où les maisons ont une architecture très originale .Ce sont des fermes fortifiées, appelées "Tatas", d’un étage et conçues à l'origine pour se protéger des attaques ennemies. Nous sommes dans une région peuplée par les Bétammaribé et les Sombas (maçons), des ethnies qui s’étaient réfugiées dans cette région pour échapper aux cavaliers Bariba et aux razzias esclavagistes des rois d’Abomey. Joseph est particulièrement fier de nous faire connaître cet endroit car lui-même est descendant d’une famille Bétammaribé. D’ailleurs il s’est construit son propre Tata dans un autre village de la région.En voici la carte postale :
Et voici l’oncle de Joseph devant son Tata : il s'appelle Bago-Unkui.
La conception de ces demeures est particulièrement ingénieuse. Après la visite de ce village, nous rejoignons la route principale et Joseph nous paie un pot avant de quitter définitivement la ville de Natitingou.
Nous arrivons pour le dîner à l’auberge de Parakou où nous avions déjà dormi le dimanche précédent. Je me réapproprie d’office la chambre 1 (située au rez-de-chaussée ce qui évite le transport des valises).
Après dîner, je ressors en compagnie de Sylvie et Patrick à la recherche d’un cybercafé pour vous donner de mes nouvelles. C’est Adrien qui, gentiment, se propose de nous conduire et de nous attendre !
La suite du voyage plus tard…
Diaporama : Tata Sombas de l’Atakora.
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