jeudi, 25 juin 2009
Carnet de voyage au Sénégal -12-
Le bateau a repris sa route en direction de Saint-Louis. Bientôt nous arrivons au barrage de Diama, qui sert également de point de contrôle entre le Sénégal et la Mauritanie.
Le passage de l'écluse s'effectue assez rapidement, juste le temps de photographier ces groupes de personnes qui se rendent au Sénégal.
Ce barrage permet de filtrer l'eau saline qui remonte le fleuve et d'irriguer les champs de canne jusqu'à Podor.
Sur la rive nord le paysage mauritanien annonce déjà le désert. On aperçoit des dunes de sable dans le lointain. Nous arrivons à Saint-Louis en fin de matinée.
Une foule de petits marchands attend fébrilement notre débarquement le long du quai. Il faut savoir que chacun se prépare à fêter la Tabaski (fête du mouton). Ce jour-là chaque Musulman pratiquant se doit d'acheter un mouton, l'égorger, le manger en famille et en offrir à ses voisins. Pas étonnant donc si, dans les rues on peut voir, attachées devant les portesd des maisons, des centaines de pauvres bêtes bêlant à tue-tête (sans doute pressentent-elles ce qui les attend!).
Mais pour le moment, Ansou nous propose une balade en calèche à travers la ville.
A la pointe-nord de l'île on aperçoit la langue de Barbarie, cette longue étendue de sable séparant le fleuve de la mer.
Cette étrange machine est une grue à vapeur, installée à Saint-Louis afin de permettre de soulever de lourdes charges (locomotives en particulier) à l'époque de la construction d'une voie ferrée. Elle est demeurée intacte, juste recouverte d'une bonne couche de rouille. Un peu plus loin nous passons devant l'ancienne demeure du général Faidherbe.
En nous dirigeant vers le centre, nous empruntons le pont Malick-Gaye et nous bifurquons peu après sur la gauche : nous voici à Guet N'Dar, le quartier des pêcheurs en pleine effervescence en cette veille de fête.
Ansou nous a une fois de plus prévenus : "Méfiez-vous, les gens n'aiment pas être photographiées."
Bon, qu'à cela ne tienne, on photographiera les poissons !
L'odeur qui régne dans ce quartier est pestilentielle. Mais nous sommes des gens polis et nous respirons donc à pleins poumons comme si de rien n'était. Et dans l'échelle des valeurs je ne sais trop si cette odeur est pire que celle respirée aux abords d'un Mac Do, une odeur fétide qui me fait tirer au cœur à chaque fois que je passe devant un des ces établissements.
Seuls, deux petits Néerlandais qui nous accompagnent se cachent le nez dans leur pull. Ils font la curiosité des gamins des lieux qui sont étonnés par la blondeur de leurs cheveux.
Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur les milliers de poissons en train de sécher au soleil, nous nous dirigeons vers la mer. A cet instant précis je repense alors au récit de Pierre Loti, découvrant la côte saint-louisienne :
« On aperçoit aussi ce que l'on n'avait pas vu du large : d'immenses fourmilières humaines sur le rivage, des milliers et des milliers de cases de chaume, des huttes liliputiennes aux toits pointus, où grouille une bizarre population nègre. Ce sont deux grandes villes yolofes : Guet N'Dar et N'Dar-Toute, qui séparent Saint-Louis de la mer.
Si l'on s'arrête dans ce pays, on voit bientôt arriver de longues pirogues à éperon, à museau de poisson, à tournure de requin, montées par des hommes noirs qui rament debout. Ces piroguiers sont de grands hercules maigres, admirables de formes et de muscles (...).
En passant les brisants, ils ont chaviré dix fois pour le moins (...) La sueur et l'eau de mer ruissellent sur leur peau nue, pareille à de l'ébène verni.» (Le roman d'un Spahi)
Au fond, rien n'a profondément changé depuis l'époque de Loti. Seules les huttes ont été remplacées par des habitations en dur recouvertes de tôle. Et à cet instant précis je suis envahie par une très forte émotion. Emotion face à la mer rugissante, bonheur de découvrir des paysages hors du commun, je sais que cet instant très bref restera longtemps gravé dans ma mémoire. Demain il va falloir rentrer, retrouver la grisaille, le train-train quotidien, les gens indifférents. Alors je ferme les yeux, je respire à fond l'air chargé d'embruns... Encore quelques minutes de répit !
A suivre
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jeudi, 21 mai 2009
Carnet de voyage au Sénégal -2-
Samedi 15 décembre2007
Les habitudes sont bien ancrées et à 6h je suis déjà debout. Par chance le petit déjeuner est servi très tôt à l’hôtel. Une heure plus tard je suis dans la rue pour assister au premier lever du soleil. La lecture du guide du routard les jours précédant le voyage m’ont déjà permis de repérer les différents quartiers. Comme la carte postale le montre, la ville s’étire du nord au sud à l’embouchure du fleuve Sénégal. La partie ancienne de la ville se situe sur l’île reliée à la ville moderne par le pont Faidherbe. A l’avant, entre le bras du fleuve et la mer se trouve le quartier des pêcheurs.
Le nom de «Saint-Louis» fut donné à la ville en l’honneur du roi Louis XIII. Aujourd’hui la ville compte environ 172 000 habitants.
Ce comptoir colonial, très prospère au XVIIIe siècle avec l’exportation de la gomme arabique et la traite des esclaves, connut son apogée à la fin du XIXe siècle. Les citoyens sont des Français et sont représentés à l’Assemblée Nationale par un député. La ville est le siège de l’A.O.F ( Afrique Occidentale française). Mais au début du 20e siècle, la gomme arabique est détrônée au profit de l’arachide et c’est bientôt le déclin de la ville. Le siège de l’A.O.F est transféré à Dakar. Peu à peu la ville tombe en léthargie. Les belles demeures coloniales des colons et des signares (métisses aristocrates) vont bientôt subir les affres du temps.
Le jumelage de Saint-Louis avec Lille, l’aide apportée par la région Nord- Pas-de-Calais depuis 1986 permettent de faire bouger un peu les choses. Et en 2000 l’UNESCO classe la ville au patrimoine mondial.
Lever du soleil sur le pont Faidherbe. Au départ ce pont avait été commandé pour traverser le Danube. Les plans en auraient été tracés par Gustave Eiffel. On ne sait trop pourquoi il atterrit à Saint-Louis. Il mesure 507 mètres dans sa longueur.
Je me rends jusqu'au bord du fleuve, face au village des pêcheurs. Les couleurs sont grandioses.
Je vais m'acheter de l'eau dans une alimentation, puis je retourne à l’hôtel où je retrouve Anne et Louis. Nous avons toute la matinée de libre et nous en profitons pour nous balader dans les rues.
L’animation devient très intense et nous hésitons à nous rendre à pied jusqu'à la mer.
Nous sommes un peu harcelés et cela devient assez rapidement pénible. Il faut savoir que la semaine prochaine se déroule la fête de l’Aïd-el-Kebir (fête du mouton) et les habitants ont besoin d’argent pour acheter le plus gros mouton possible. Mais j’aurai l’occasion de vous en reparler au retour à Saint-Louis, à la fin du voyage.
Nous rentrons à l'hôtel pour le déjeuner. Bon, me direz-vous, où est-il ce fameux bateau pour la croisière ? Eh bien il n’est pas à Saint-Louis mais à Podor. Il effectue le trajet dans les deux sens et cette semaine l’embarquement est prévu à Podor.
Nous reprenons donc le minibus en direction de Podor, à 215km de Saint-Louis.
En cliquant ICI vous trouverez d'autres photos sur le quartier des pêcheurs.
À suivre
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mardi, 19 mai 2009
Carnet de voyage au Sénégal -1-
Voyage d'une semaine sur le fleuve Sénégal de Podor à Saint Louis à bord du "Bou-el-Mogdad".
Vendredi 14 décembre 2007
( Pensez à cliquer sur le bouton du podcast pour avoir de la musique !).
3h45 du matin. Dans la brume givrante j’aperçois les phares du taxi qui vient pour me conduire au terminal 3 de Roissy. L’enregistrement des bagages pour le vol de Dakar a déjà débuté. Le temps d’aller chercher les papiers au comptoir de l’agence et me voici à mon tour dans la file d’attente. Beaucoup de Sénégalais rentrent au pays pour la fête de l’Aïd-el-Kebir qui se déroule la semaine prochaine. Ils ont bien souvent des valises qui dépassent le poids autorisé (20 kilos). C’est le grand déballage pour mettre le surplus dans les sacs à main ( en théorie un seul bagage est autorisé, mais les douaniers ne sont pas trop regardants). Tout se passe dans une ambiance sympathique, personne ne s’énerve.
L’embarquement débute à 6h00. C’est un avion de la compagnie Air Méditerranée ( un Airbus A320). J’ai demandé une place côté couloir afin de pouvoir me déplacer sans déranger tout le monde et allonger mes jambes. De l’autre côté se trouve un petit vieux très chic dans sa grande robe bleu ciel. Il se déplace avec une canne et transporte avec lui un grand sac rempli de médicaments. Il est diabétique et la préparation de la piqûre lui demande au moins une heure ! L’avion décolle vers 7h30.
Finalement il est 13h quand l’avion atterrit à Dakar ( 12h , heure locale). Les habitués ont déjà délaissé les habits d’hiver au profit de tenues beaucoup plus légères. J’avais bien songé faire la même chose, mais mon petit sac à dos n’était pas assez grand pour y mettre le nécessaire.
Première chose en débarquant : une cigarette… Dehors les cars de touristes partant pour les clubs de la côte sont sagement rangés les uns à côté des autres. La horde arrive bientôt, hagarde, suffocant et poussant des cris horrifiés devant l'étalage des tas d'ordures. Rassurez-vous, messieurs dames, là où vous allez, il n'y a que du luxe, ce luxe que vous ne pouvez pas vous offrir en France et que vous venez chercher dans les pays pauvres. Et il ne vous viendrait même pas à l'esprit de laisser quelques pièces aux porteurs qui vont se coltiner vos valises. Des fois j'ai honte pour vous...
Pour ma part, je suis partie avec l’agence «Chemins de sable» et nous sommes trois au total ! Un couple qui vient du Niger nous rejoint bientôt. Nous voici donc dans un minibus en route pour Saint- Louis…
La sortie de Dakar est extrêmement longue en raison de nombreux travaux et des embouteillages. Nous demandons au chauffeur de nous arrêter pour acheter à boire et à manger car nous n’avons pas encore eu le temps de déjeuner. Premières images de la rue :
Le chemin se poursuit lentement, la circulation est très importante. Il nous faut au moins deux heures pour quitter complètement la région de Dakar.
La chaleur commence à se faire sentir au dehors. Par chance nous avons la climatisation dans le bus.
Un arrêt pipi et cigarette juste devant un magnifique baobab ! Des gamins qui travaillaient dans les champs s’approchent alors pour venir bavarder. Ils veulent qu’on les photographie. Je regrette de ne pas avoir pris un appareil polaroïd afin de leur laisser une photo. J’y penserai lors d’un prochain voyage.
Et nous reprenons la route. Tout le long de la route nous apercevons d’exubérants baobabs que je ne peux pas, hélas, photographier. Finalement nous atteignons Saint-Louis vers 18h. Nous descendons à l’hôtel La Résidence situé dans la rue Blaise-Diagne. Il parait que c'est dans cet hôtel que descendait Saint-Exupéry lorsqu'il venait à Saint-Louis.
Le temps de m’installer dans la chambre 104, de prendre une bonne douche et me voici aussitôt ressortie pour découvrir la vieille ville. Le soleil commence à décliner. La nuit arrive très vite. A ce moment-là, je suis abordée par deux jeunes qui cherchent à papoter. J’ai tôt fait de comprendre qu’ils veulent me montrer leur boutique située dans la rue du marché, face à l’hôtel. Quand ils sortent le petit banc devant l’étalage, je sais déjà que je vais me faire avoir (je ne sais pas marchander). Oh, et puis cela n’est pas bien grave dans le fond dans la mesure où chacun y trouve son compte. Je déteste par dessus-tout ces touristes qui se vantent d'obtenir tout ou presque pour une bouchée de pain. Alors je me retrouve avec la famille hippopotame au complet ( le père, la mère et les deux petits).
Je rentre à l'hôtel pour le dîner. Le restaurant propose une excellente cuisine ( vous avez les menus indiqués dans le lien un peu plus haut).
A suivre
12:27 Publié dans Sénégal | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : voyage, sénégal, saint louis, fleuve | | Facebook